2011年10月22日星期六

Première élection libre en Tunisie

«Nous allons vivre une journée historique. Pas question de la rater. » Sur l’avenue Habib-Bourguiba, les « Champs-Elysées » de Tunis, Rafika, jolie étudiante de 23 ans, distribue, avec un grand sourire, les tracts du Mouvement Citoyenneté, l’un des… 130 partis nés dans la foulée de la chute de Ben Ali, le 14 janvier dernier. Demain, 7 millions et demi de citoyens vont se rendre aux urnes pour choisir entre 1500 listes et élire les 217 membres de l'Assemblée constituante, qui devra dans un délai d’un an rédiger une nouvelle Constitution, voter des lois, choisir un président et un gouvernement. Viendront ensuite des élections générales. Une commission indépendante de 16 membres, pilotée par Kamel Jendoubi, ancien président du Réseau euroméditerranéen, personnage réputé « irréprochable », a été chargée d’organiser la consultation. Chaque liste a eu droit à son spot télévisé. Et les candidats, afin de respecter une stricte égalité des temps de parole, n’ont pas le droit de s’adresser à la presse internationale. Mille deux cents observateurs, dont 700 venus de l’étranger, seront à pied d’œuvre demain dans les 27 circonscriptions. Parmi eux, l’ancien diplomate et conseiller d’Etat Yves Doutriaux ou l’ancienne ministre (sous Chirac) Tokia Saïfi. Une inquiétude, l’abstention Le scrutin de listes à la proportionnelle avec répartition au plus fort reste fait craindre un émiettement des voix. « Beaucoup vont se perdre », redoute Khadidja Ben Hassine, 59 ans, professeure d’université et candidate à la Manouba, un quartier du gouvernorat de Tunis, du Pôle démocratique moderniste qui rassemble plusieurs partis plutôt à gauche. Nombre de petites listes indépendantes ne se présentent que dans un quartier. Autre inquiétude, une très forte abstention. « Mes copains et moi, nous n’allons pas voter, rigole ManaI Fathi, étudiant en finances, ce n’est pas ça qui nous donnera du boulot! » « C’est la première fois que les Tunisiens votent librement. J’ai peur que la participation ne dépasse pas 50%, s’inquiète Samy Ghorbal, conseiller politique du PDP, le Parti démocratique progressiste, d’un opposant de toujours à Ben Ali, Nejib Chebbi. Mais comparée à celle des élections américaines, ce n’est pas si mal! » Emergent de ce foisonnement de listes : Ennahda, le parti islamiste de Rached Ghannouchi, le grand favori, crédité, selon les sondages, de 20 à 50% des suffrages ; le PDP, le Pôle démocratique moderniste, dont Ettadjid, l’ancien Parti communiste, est le fer de lance ; le Forum démocratique (Ettakatol) de Mustapha Ben Jaffar. Mais il faut également compter avec tous les anciens du RCD, l’ancien parti de Ben Ali, dont beaucoup ont créé des listes indépendantes. La vraie bataille commencera après le vote, lors de l’inévitable constitution de coalitions.

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